8 mars : continuons les combats pour les droits et la visibilité de toutes les femmes !
Le 4 mars 2024 devient, en France, une date historique. La constitutionnalisation de l’IVG, même imparfaite, est une avancée, une protection et un signal au monde dont il faut se réjouir. Aujourd’hui, plus de femmes encore peuvent crier : notre corps nous appartient !
Cette victoire participe à l’histoire des luttes féministes. Saluons et remercions toutes celles qui se sont battues et continuent de se battre contre des lois et des pratiques sexistes, humiliantes, discriminatoires et violentes et contre un ordre patriarcal qui vise à confisquer aux femmes leur corps et à s’approprier leur liberté.
Au-delà de cette victoire, nous n’oublions pas tous les combats qu’il reste à mener !
Nous n’oublions pas qu’un droit n’est pas suffisant, et que sans les moyens pour son accessibilité à l’ensemble des personnes concernées et son déploiement sur l’ensemble du territoire, il est peu de chose.
Nous regrettons la formulation choisie par le Parlement qui invisibilise les hommes trans et leur droit à l’IVG ; nous savons les difficultés d’accès à l’IVG dans nombre de régions, en Outre-mer comme dans l’Hexagone ; nous dénonçons la fermeture de centres IVG et le maintien de la double clause de conscience qui restreint la liberté d’avorter ; nous déplorons le manque de moyens pour former les professionnel·es sur le sujet des inégalités de genre en santé.
Nous n’oublions pas qu’il y a quelques semaines à peine, le président Macron parlait de « réarmement démographique ». Non, Monsieur le président, nos corps ne sont pas des armes. Notre corps nous appartient, à nous, femmes cis, lesbiennes, trans et queer.
L’ancrage des violences sexistes et sexuelles et des inégalités entre les femmes et les hommes. En France, en 2023, une femme meurt les 3 jours assassinée par son conjoint ou ex-conjoint.
Le manque de moyens et de capacité d’accueil pour les femmes victimes de violence est criant, malgré les alertes incessantes du monde associatif. L’action de la force publique et de la justice reste aussi en bien en-deçà des besoins.
Alors que l’indépendance économique des femmes reste un facteur clé de l’égalité, globalement en France, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 28,5 % et de 17 % à temps de travail égal. L’écart des pensions de retraite s’élève, lui, à 35 % !
Le 6ᵉ état des lieux du sexisme par le HCE (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes)1 montre la persistance du sexisme, parfois même son développement :
- 70 % des femmes estiment « avoir été éduquées différemment que les hommes » ;
- 40 % des hommes considèrent « normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants » ;
- 1 homme sur 4 âgé de 25 à 34 ans déclare « qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter ».
SOS homophobie constate tous les jours, lors de ses interventions dans les établissements scolaires, les discours et actions de groupes réactionnaires qui stigmatisent et empêchent les activités d’éducation non-sexiste au genre et/ou à la sexualité.
Nous déplorons le manque d’action des autorités alors même que les actions et projets à destination du jeune public sont les plus efficaces pour s’attaquer aux racines et à l’ancrage du sexisme dans nos sociétés.
Lutter pour les droits des femmes, c’est lutter pour les droits de toutes les femmes, lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes, en France et à l’étranger !
En France, l’accès à la PMA est par endroits entravé : dans les CECOS, la stigmatisation, parfois même la discrimination, des couples lesbiens est une réalité souvent tue.
Les droits sexuels et reproductifs des femmes et des hommes trans ne sont toujours pas acquis et l’autodétermination de chacune et chacun n’est ni respectée ni garantie.
En France et en Europe, les assauts des forces conservatrices se multiplient, se renforcent et gagnent les sphères de pouvoir et de décision politique. Plus loin encore, le patriarcat violent tue quotidiennement et en masse, comme en Afghanistan, où le régime des talibans prive chaque petite fille et femme de sa liberté de vivre au seul motif qu’elles sont des femmes.
Aussi, cette date du 8 mars reste avant tout la journée des droits qu’il nous reste à préserver et à conquérir pour toutes les femmes.
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