La lutte contre les LGBTIphobies est un éternel recommencement : à chaque fois que la société se saisit de l’avancée des droits des personnes LGBTI, la parole LGBTIphobe se libère et se déverse dans le débat public.

Ainsi, depuis la prise par le gouvernement en septembre 2021 d’une circulaire destinée à « favoriser » le nom d’usage au bénéfice des jeunes personnes trans (bien que nous déplorons le rôle prépondérant que cette circulaire donne à l’autorité parentale au détriment de l’intérêt supérieur de l’enfant), les attaques à l’encontre des personnes trans se multiplient, notamment de la part de militantes TERF(1), avec la complicité de nombreux médias qui leur offrent une tribune. 

Cet acharnement s’est aussi illustré par l’introduction d’un recours contre la circulaire, fondé sur une loi des plus vétustes, recours qui a fort heureusement été rejeté par le Conseil d’État. Cependant, la publicité donnée à cette décision n’a pas manqué d’attirer l’attention des militant·es anti-trans, et a suscité une vague de transphobie.

Ainsi, le 30 septembre dernier, le rappeur Booba publiait sur Twitter les propos suivants :
« Si mon fils rentre de l'école un jour et me dit qu'il s'appelle “Mireille”, on va avoir un sérieux problème ».

Surfant comme à son habitude sur la vague d’indignation suscitée par ce tweet, l’animateur de télévision Cyril Hanouna a consacré un épisode de l’émission Touche pas à mon poste au sujet « Changement de sexe : les élèves à l'école pourront utiliser le prénom de leur choix avant leur transition », épisode ayant donné lieu à une séquence absolument nauséabonde durant laquelle les « chroniqueur·euses » éructaient leur transphobie sous toutes les formes que celle-ci peut prendre : préjugés, stéréotypes, etc.

Parachevant le désastre, la chaîne de télévision M6 diffusait, le 6 octobre dernier, un « documentaire » intitulé « Trans, uniques en leur genre », à l’issue duquel se déroulait un simulacre de débat “Enfants transgenres, que faire ?” entre plusieurs invité·es, dont plusieurs personnes notoirement transphobes, ont répandu désinformation et haine, séquence unanimement condamnée pour sa violence.

L’identité de genre des personnes est une composante essentielle du droit à la vie privée des personnes, cis comme trans, et est protégée par notre droit et par de nombreuses conventions internationales. 

La reconnaissance et le respect des droits des personnes trans ne sont ni une opinion, ni un divertissement, ni le sujet d’un débat pour créer de l'audience et monétiser la haine. Voir son identité de genre respectée, ce n’est ni un caprice, ni une mode, c’est un droit fondamental.

Puisqu’il semble indispensable de le rappeler : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (2). Comme toutes les libertés, les libertés d’expression et d’opinion ne sont pas absolues en ce qu’elles ne permettent pas de porter atteinte aux droits des autres personnes, et donc pas de déverser sa haine transphobe dans les médias et l’espace public.

Injurier, diffamer, inciter à la haine, à la violence ou à la discrimination à l’encontre des personnes trans ce n’est pas exercer sa liberté d’expression, c’est commettre un délit.

SOS homophobie examine actuellement, au regard de la législation et de la réglementation applicable, l'opportunité de déposer plainte à l'encontre des auteurs et autrices de ces propos mais également des directeurs ou directrices de publication et des producteurs et productrices des émissions mentionnées auparavant.

SOS homophobie continuera de déposer plainte et de se porter partie civile chaque fois que des propos pénalement répréhensibles seront proférés, appelant de ses vœux les procureur·es de la République à y donner les suites qui s’imposent.

De même, des signalements de ces différentes séquences seront effectués auprès de l’Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (l’Arcom), et nous appelons d’une part toutes les personnes ayant été, à juste titre, heurtées par ces séquences à en faire de même, et d’autre part invitons l’ARCOM à faire preuve d’intransigeance envers la haine dans les médias.

1) Trans exclusionary radical feminist.
2) Article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789.

Lucile Jomat, Présidente de SOS homophobie
Adrien Maschino, Vice-président de SOS homophobie

Contact : 06 28 32 02 50 / porte-parole@sos-homophobie.org