Tribune : Aux grands maux, les petits mots
« Comment un enfant vit avec deux parents homosexuels face au regard de ses camarades ? », « quelle est la meilleure façon de faire son coming out transgenre ? » ces extraits de « petits papiers » anonymes, rédigés par les jeunes que nous rencontrons en Intervention en milieu scolaire (IMS) sont autant de questions trop souvent laissées sans réponse, et auxquelles les bénévoles de SOS homophobie tentent chaque jour d’apporter des réponses. Elles sont aujourd’hui un outil précieux au service de la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre.
Le 8 avril 2022, Emmanuel Macron déclarait sur Brut qu’il n’était pas favorable aux interventions en milieu scolaire en école primaire et au collège. Le 20 avril, dans l’entre-deux tour, il faisait marche arrière, rappelant dans le magazine Têtu le rôle « essentiel » de ces interventions, saluant « le travail des associations LGBT+ et leur intervention en milieu scolaire, mais aussi périscolaire ». SOS homophobie tient à faire part de sa circonspection quant à la sincérité de l’engagement du président de la République pour défendre les droits des personnes LGBTI et attend de sa part des actions concrètes.
Face à cette situation, il est important de démystifier une bonne fois pour toute nos IMS. Face au rejet et à l’exclusion, nous avons choisi le débat et l’échange. Ces interventions sont avant tout des moments de liberté et d’ouverture où chacune et chacun peut partager librement son point de vue et ses sentiments. Leur objectif est de sensibiliser à toutes les formes de discrimination et de déconstruire les nombreux stéréotypes entourant la construction du genre et de l’orientation sexuelle, à un âge où chacune et chacun se construit, découvre sa sexualité et son identité.
Les interventions de SOS homophobie s’adressent à tous les publics, en réseau d’éducation prioritaire comme dans les établissements les plus favorisés. Y compris à la communauté éducative qui parfois accueille de grandes souffrances et ne dispose pas toujours d'outils et d'armes pédagogiques pour y répondre. Parce que les discriminations n’ont pas de frontières sociales. Ces interventions sont aussi l’occasion de rappeler que les discriminations, le harcèlement ou les insultes ne sont pas des actes anodins mais relèvent de comportements pénalement répréhensibles. Nous le constatons chaque jour, il est encore parfois difficile de parler librement de son identité de genre et de son orientation sexuelle ou amoureuse.
Nous avons rencontré 18 000 élèves au cours de l’année scolaire 2020-2021, 225 000 élèves depuis notre première IMS en 2004. Nous savons, de par notre travail de terrain continu, les défis rencontrés par les jeunes en construction. De façon plus ou moins consciente, la société enjoint de suivre des comportements sociaux différenciants et binaires. Ce sont sur ces injonctions, fondées sur le sexisme et les stéréotypes de genre, que prospèrent la plupart des discriminations tenant au genre et à l’orientation sexuelle. Il est essentiel de lutter contre ce phénomène pour faire germer chez nos jeunes les graines indispensables au respect de l’autre, la fraternité et la sororité, pour la construction d’un monde inclusif.
Parce que nous ne voulons pas laisser libre cours à la provocation, aux contre-vérités et à la haine, SOS homophobie s’engage plus que jamais pour la défense des Interventions en milieu scolaire, essentielles à la défense des droits de chacune et de chacun. La multiplication des attaques contre les personnes LGBTI et les questionnements des plus jeunes appellent à l’engagement plein et entier du président de la République et de son gouvernement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Lucile Jomat, Présidente de SOS homophobie
Adrien Maschino, Vice-président de SOS homophobie
Contact : 06 28 32 02 50 / porte-parole@sos-homophobie.org